12 Juin 2018

CONNAITRE LA PARATUBERCULOSE POUR S’EN PROTEGER

La paratuberculose bovine est une maladie incurable largement répandue en France. Le département des Pyrénées-Atlantiques ne fait pas figure d’exception puisque 15 à 20 nouveaux cheptels sont dépistés infectés chaque année, et il s’agit sûrement de la partie émergée de l’iceberg. A ce jour, 70 élevages sont inscrits dans un programme de lutte vis-à-vis de cette maladie.

On la retrouve aussi bien dans des élevages laitiers qu’allaitants avec d’importantes conséquences économiques. Les pertes peuvent être directes (mortalités, euthanasies, baisses de production) et/ou indirectes (débouchés limités lors de l’abattage).

La paratuberculose est due à la multiplication dans la paroi de l’intestin d’une mycobactérie : Mycobacterium paratuberculosis. Dans sa forme classique, les bovins touchés cliniquement présentent un amaigrissement progressif avec un poil piqué, mais avec un appétit conservé, ainsi qu’un ramollissement des bouses puis une diarrhée liquide incurable.

Vache porteuse de paratuberculose en phase de déclaration clinique

Des formes frustes, fréquentes dans des élevages bien gérés, permettent un développement insidieux de l’infection. Dans un cheptel infecté, plusieurs groupes d’animaux peuvent être identifiés : les non-infectés, les infectés asymptomatiques non-excréteurs, les infectés asymptomatiques excréteurs de bacilles dans les fèces et les bovins malades excréteurs (phase clinique). La maladie s’exprime chez un faible nombre d’individus (3 à 5 % des animaux par an, voire moins). L’infection asymptomatique est dix à vingt fois plus fréquente, aboutissant à l’apparition des symptômes cliniques après quelques mois à de nombreuses années.

Si la paratuberculose est à l’évidence une maladie des bovins, d’autres espèces animales peuvent également être atteintes : les petits ruminants domestiques (moutons et chèvres), mais aussi le cerf, le chevreuil… L’infection a également été rapportée dans les conditions naturelles chez le lapin sauvage et ses prédateurs (renard, fouine et hermine). Ceux-ci, avec les ruminants sauvages, pourraient jouer un rôle de réservoir, et participer à la dissémination des mycobactéries dans le milieu extérieur.

 

COMMENT LE TROUPEAU SE CONTAMINE ?

La maladie se transmet en règle générale aux jeunes bovins durant leur première année de vie par ingestion de matières fécales et/ou de colostrum contaminés. Le veau ainsi contaminé devient porteur asymptomatique : il ne déclare pas de symptômes avant l’âge adulte et ne peut être dépisté en sérologie qu’à partir de ses 24 mois, car il peut ne pas développer suffisamment d’anticorps avant.

La contamination des jeunes veaux est d’autant plus facile que la charge infectieuse est importante. Certaines conditions de terrain modifient sensiblement l’importance des risques :

  • la concentration animale et l’hygiène des bâtiments (les locaux souillés favorisant la contamination des jeunes),
  • la nature des sols (les prairies froides et humides, avec des mares et des fossés, comme les sols acides ou carencés en phosphore et en calcium, favorisant la persistance des Mycobacterium paratuberculosis dans le milieu extérieur),
  • l’utilisation du fumier contaminé sur les pâtures.

Lorsqu’il y a déclaration(s) clinique(s), ces dernières surviennent en général suite à un stress (vêlage, prophylaxie, mauvaise ambiance bâtiment,…). Au moment de l’expression clinique, le taux d’excrétion de la bactérie, et donc le risque de contamination entre bovins, est très largement amplifié. Il est alors fortement recommandé d’isoler strictement l’individu touché, des autres bovins du troupeau (et en particulier des jeunes générations). Aucun traitement n’étant efficace, la mort de l’animal est inéluctable, dans un délai relativement court.

Schéma de transmission de la maladie

 

ATTENTION AUX ACHATS !

Les introductions de bovins restent une cause fréquente de contamination. Cependant, le lien existant entre l’entrée de l’animal infecté dans le cheptel et la maladie est souvent difficile à établir : l’animal fautif, surtout s’il est acheté jeune, pourra, à cause des délais d’incubation de plusieurs mois ou de plusieurs années, ne manifester les symptômes de la maladie que longtemps après son entrée dans l’élevage. Il pourra même ne pas exprimer les symptômes de la maladie, mais seulement excréter (plus ou moins rapidement) le bacille et contaminer les jeunes animaux réceptifs. L’apparition des premiers signes évocateurs de la maladie, chez ces animaux devenus adultes, est alors repoussée de plusieurs années.

Un contrôle en sérologie est toutefois fortement recommandé pour toute introduction de bovin âgé de plus de 24 mois. A condition que le transport soit maitrisé, ce dernier pourra être réalisé chez l’éleveur vendeur. L’animal sera alors intégré au troupeau seulement après connaissance du résultat négatif.

 

UNE CONTAMINATION FACILITEE PAR LA RESISTANCE DU GERME

Une des caractéristiques essentielles de Mycobacterium paratuberculosis est sa grande résistance. Le bacille résiste particulièrement bien au froid humide, persistant dans des pâtures humides ou des mares de nombreux mois après l’abandon de celles-ci par les animaux excréteurs. Dans les matières fécales, il peut résister plusieurs mois. Le bacille paratuberculeux est par contre sensible aux désinfectants, ainsi qu’aux rayons UV, au dessèchement, et à la chaleur.

 

UN DIAGNOSTIC ANALYTIQUE TARDIF

Plusieurs techniques de dépistage permettent de mettre en évidence la maladie. Cependant ces outils analytiques s’avèrent tardifs car ils révèlent soit l’excrétion de germes (par le biais de la PCR sur fécès ou culture) ou la formation d’anticorps (avec la sérologie) qui n’apparaissent qu’après une phase d’évolution minimum de 18 mois à 2 ans, et dont la présence est fluctuante chez les animaux porteurs.

Cependant, ces analyses permettent tout de même de détecter les animaux infectés avant qu’ils ne présentent des symptômes et d’apporter des garanties de cheptel par leur réitération au niveau d’un troupeau.

La fluctuation du taux d’anticorps chez un bovin porteur explique que des résultats peuvent s’avérer divergents. Cependant, il faut considérer comme dangereux tout animal dépisté au moins une fois séropositif même s’il est contrôlé plusieurs fois séronégatif par la suite.

 

COMMENT PREVENIR / LUTTER CONTRE LA MALADIE ?

Deux prochains articles présenteront les différentes mesures préventives à adopter, les actions mises en place par le GDS 64 pour lutter contre la maladie, ainsi qu’un témoignage d’un éleveur qui a assaini son troupeau.

Le GDS 64 et votre vétérinaire restent à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

 

Ludovic LASSERRE Animateur de la filière bovine du GDS 64 (article rédigé en partenariat avec le GDS 23)

 

[Haut]